Né en 1901 au Havre, mort en 1985 à Paris.
On sait que Dubuffet hésita longtemps entre les obligations du commerce paternel et son attirance pour la peinture. Pur autodidacte, farouche adversaire de l’art « culturel », il se décide enfin vers 1942, après quelques essais insatisfaisants à se consacrer vraiment à celle-ci. Il commence par des vues du métro et de Paris, puis aborde des thèmes campagnards qu’il traite avec un dessin proche de celui des enfants (vaches, prairies), mais des couleurs très savamment mêlées et dans un refus de la perspective qui leur donne une frontalité toute moderne. Il fait sa première exposition de ces œuvres chez Drouin, place Vendôme, en 1944. Leur succède une série de portraits extravagants des écrivains et poètes qu’il fréquente autour de la N.R.F. : Paulhan, Ponge, Calet, Dhôtel, Bertelé, Michaux, etc., exposés en 1946-47 à la même galerie. Le scandale est grand : la couleur était provisoirement abandonnée au profit de matériaux naturels, sable, gravier, goudron, céruse, incorporés à sa peinture et les personnages étaient représentés de manière plutôt grinçante. Jean Dubuffet venait d’inventer cet art de la matière, qu’il pousse plus loin encore que Fautrier et qui aura un tel retentissement auprès de nombreux jeunes peintres. Ces « Hautes-Pâtes », puis les « Corps de Dames » (1950-51), toute la série des « Sols et terrains », « Tables », « Pierres philosophiques » qui suivirent et les dessins des « Terres radieuses » (1952) dans lesquels il s’est complu, disait-il, au « mariage intime du réel avec l’aberrant », contiennent en germe toute l’œuvre à venir dont on connait les développements fantastiques. L’Esprit de la terre semble s’être emparé de lui : les « Topographies », « Texturologies », « Matériologies », sont autant d’explorations de ce monde méprisé qui vit sous nos pieds et dont il a entrepris la Célébration. Mais, il invente aussi la « Fleur de Barbe » avec une série d’œuvres de la plus haute verve qui font l’objet d’un livre et d’une exposition (Galerie Cordier, 1959). A partir de 1962, son œuvre prend une direction différente avec les premiers dessins de ce qu’il nomme « l’Hourloupe », qui vont connaître eux aussi une postérité considérable pendant plus de dix ans : peintures, objets, sculptures, monuments, pour aboutir en 1973 à l’explosif ballet « Coucou Bazar » et à la construction de la « Closerie Falbala » qui abrite aujourd’hui des œuvres majeures de Dubuffet comme « Le Cabinet Logologique ». Dans les années 75-80, il revient au dessin, aux découpages et assemblages de plusieurs pièces, d’abord à l’encre de Chine puis en y mêlant la couleur (ainsi naquit le « Site au touriste » de 1979). Puis vint la forte explosion des « Mires » et enfin, comme un message envoyé d’un lointain déjà accessible, les « Non-lieux » (1984), ce « champ de pure pensée », traces émouvantes de quelqu’un qui s’en va. L’association lui a consacré une exposition de lithographies dans la salle des Convers en 1992.
© Geneviève Bonnefoi, 2007
Quelques œuvres de la collection
Fragment texturologique II, 1958. Peinture sur toile, 45 x 33 cm.
(Fasc. XIV, n°67 du Catalogue des Travaux de Jean Dubuffet)
Donation Geneviève Bonnefoi, 1973.
Expositions : 1960, Galerie Berggruen, Paris – 1974, « Jean Paulhan et ses peintres », Grand Palais, Paris – 1980-1986, « Autour d’une Collection », Abbaye de Beaulieu et toutes les expositions de la Collection de Beaulieu – 1996, « La Collection de Beaulieu », Cloître des Jacobins, Toulouse – 2001, Musée de Libourne.
« Barbe de Désintégration des Injures », 1959. Peinture sur toile, 116 x 69 cm.
(Fasc. XV, n°87 du catalogue des Travaux de Jean Dubuffet)
Donation Geneviève Bonnefoi, 1973.
Expositions : 1970, « Un Art subjectif ou la Face caché du monde », Abbaye de Beaulieu – 1973, Rétrospective Dubuffet, Grand Palais, Paris – 1974, « Jean Paulhan et ses Peintres », Grand Palais, Paris – « Matière et Mémoire », Abbaye de Beaulieu – 1983, « 1960 », Musée de Saint-Etienne – 1980-1986, « Autour d’une Collection », Abbaye de Beaulieu et toutes les expositions de la Collection de Beaulieu.1989-1990, Rétrospective Dubuffet, Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea, Rome. 1993, Fondation Gianadda, Martigny – 1996, « La Collection de Beaulieu », Cloître des Jacobins, Toulouse – 2001, Musée de Libourne.
« Portrait d’Homme V », 1966. Sculpture en polyester, sur socle réalisé par l’auteur, 52 x 21 x 14 cm.
(Fasc. XXIII, n°34 du Catalogue des Travaux de Jean Dubuffet)
Don de l’artiste et de Geneviève Bonnefoi, 1981.
Expositions : 1970, « Un Art subjectif ou la Face caché du monde », Abbaye de Beaulieu – 1980-1986, « Autour d’une Collection », Abbaye de Beaulieu et toutes les expositions de la Collection de Beaulieu – 1996, « La Collection de Beaulieu », Cloître des Jacobins, Toulouse.
« Personnage » (buste), 1967. Dessin-collage sur papier, 27 x 21,5 cm.
(Fasc. XXII, n°297 du Catalogue des Travaux de Jean Dubuffet)
Donation Geneviève Bonnefoi, 1973.
Expositions : 1980-1986, « Autour d’une Collection », Abbaye de Beaulieu et toutes les expositions de la Collection de Beaulieu – 1996, « La Collection de Beaulieu », Cloître des Jacobins, Toulouse – 2001, Musée de Libourne.
« Site au Touriste » A85, 1979. Acrylique sur papier entoilé avec 14 pièces, 51 x 35 cm.
(Fasc. XXXIII, n°389 du Catalogue des Travaux de Jean Dubuffet)
Don de l’artiste et de Mme Geneviève Bonnefoi, 1981.
Expositions : 1980-1986, « Autour d’une Collection », Abbaye de Beaulieu et toutes les expositions de la Collection de Beaulieu – 1996, « La Collection de Beaulieu », Cloître des Jacobins, Toulouse – 2001, Musée de Libourne.